« C’est un roc !… c’est un pic !… c’est un cap ! Que dis-je, c’est un cap ?… C’est une péninsule ! » Avec ces mots, Edmond Rostand dresse l’image d’un Cyrano inébranlable. Aux premiers abords, le choix d’Edouard Baer pour ce personnage semble surprenant. Et pourtant, c’est dans ce choix que réside toute la force de la pièce. Cyrano, loin de la figure solide qu’on lui attribue, révèle aussi une fragilité insoupçonnée, une lumière vacillante, tiraillée par ses contradictions. Qui de mieux qu’Edouard Baer pour incarner cette dualité ? Amoureux des mots et de la poésie, l’acteur se glisse dans la peau de ce personnage avec une étonnante simplicité. Sa lecture du rôle l’ancre dans une modernité touchante et pleine de nuances. Il redonne à ce personnage un côté humain, presque mélancolique, qui se fond parfaitement dans une mise en scène épurée. Loin des artifices, son Cyrano gagne en émotion, subtilité et profondeur, transformant le tragique en un éclat délicat.
Autour de lui, les treize comédiens et comédiennes qui l’accompagnent ne sont pas en reste. C’est ensemble que sur scène la magie opère et c’est dans cette pluralité que la pièce prend toute son ampleur, pour le plus grand plaisir du public.
