Après sa pièce Omma, Josef Nadj retrouve les sept danseurs africains avec qui il poursuit une recherche chorégraphique sur les origines du mouvement. Full Moon en est le prolongement naturel, ancré dans l’énergie de la terre, les mémoires individuelles, les traditions et les corps en tension.
Dans un clair-obscur sculpté par la lumière, une silhouette masquée s’avance. Elle vacille entre marionnette et manipulateur, ancêtre ou créateur maladroit. C’est Josef Nadj lui-même, en contrepoint du groupe. À ses côtés, les danseurs s’engagent dans une danse où se croisent impulsions tribales, syncopes du jazz afro-américain et pulsations urbaines. L’écriture chorégraphique alterne séquences collectives et solos introspectifs. La musique, dominée par les percussions et traversée par les échos du free jazz, soutient une danse qui cherche moins à illustrer qu’à invoquer. Tout semble ici dialoguer avec l’invisible. À la fois songe éveillé dont émergent des créatures et des djinns, rituel d’émancipation et hommage à une mémoire partagée, la pièce explore les limites du lâcher-prise. Un spectacle dense et énigmatique, porté par une présence scénique forte, qui laisse des traces longtemps après le silence.